Collection particulière.
Le projet AmateurS visait à l’écriture collective d’une histoire des amateurs en sciences en prise avec le présent, faisant écho aux questions qui ont émergé autour des sciences participatives ou citoyennes et des sciences à l’ère numérique. Cette histoire prenait acte des renouvellements apportés par les Science studies et par l’histoire sociale et culturelle des sciences.
Porter un regard historique sur le rôle des amateurs dans les sciences, souligner leur importance pour l’histoire des sciences
Ce projet fait écho aux questions actuelles autour des sciences participatives et citoyennes et des sciences à l’ère numérique. Ces phénomènes, dont toutes les institutions scientifiques se préoccupent de nos jours afin de mieux mobiliser des acteurs profanes au service de la recherche, de répondre à la demande citoyenne de démocratisation des choix de politiques scientifiques, voire de lutter contre la désinformation scientifique, ont une histoire.
Ce projet a eu pour but de dresser les contours généraux d’une telle histoire, dans la période qui précède l’émergence des mouvements amateurs actuels, qui deviennent visibles surtout à partir des années 1960. Il se centre sur la période 1850-1950, pendant laquelle les institutions scientifiques actuelles se mettent en place et se stabilisent, avec le concours des autorités publiques. Ces institutions sont des lieux de professionnalisation des sciences et excluent ou rejettent les amateurs à leurs marges, les réduisant à des activités non théoriques, comme la collecte de données, ou à des fonctions de médiation vers le grand public. L’un des objectifs du projet était de souligner que ces évolutions n’entraînent pas la disparition des amateurs en sciences et d’étudier les manières dont leurs relations avec professionnels se reconfigurent.
Faire une histoire « par en bas » des amateurs
Le point de départ du projet est double.
D’une part, il affirme que l’histoire des amateurs s’enrichit lorsqu’elle n’est pas écrite du point de vue d’une seule discipline. L’équipe a ainsi associé des historiens de trois champs : astronomie, archéologie, santé. Les deux premiers sont classiques dans l’historiographie, l’un (sciences médicales) est plus inédit bien qu’il soit central dans les sciences participatives actuelles, avec le rôle croissant que jouent les associations de malades ou de familles de patients. Toutes les activités menées dans le projet, de même que les publications, ont adopté ce point de vue transdisciplinaire.
D’autre part, le choix méthodologique principal du projet a été de proposer une histoire non surplombante des amateurs en sciences, privilégiant une perspective « par en bas » qui ne soit pas subordonnée aux jugements que les savants professionnels portent sur les amateurs et aux hiérarchies que solidifient les institutions scientifiques. Nous nous sommes inspirés des approches « par en bas » développées en histoire sociale depuis les années 1960 et en histoire de la médecine depuis les années 1980 où a été écrite une histoire du point de vue des malades. L’histoire que nous proposons vise à restituer le point de vue des amateurs eux-mêmes sur les sciences qu’ils pratiquent ainsi que sur les institutions scientifiques professionnelles.
Les axes du projet
Nos réflexions se sont organisées selon trois axes.
Axe 1 – Figures de l’amateur. Grâce à une base de données, nous avons tenté de définir ce qu’est un amateur en sciences entre 1850 et 1950, en le comparant à ses homologues dans les arts et dans les sports.
Axe 2 – Une histoire subjective des mondes des amateurs. Nous avons analysé la manière dont les amateurs se définissent eux-mêmes et dont ils s’insèrent dans des collectifs, en faisant varier les échelles, du local au global.
Axe 3 – Gestes et pratiques. Nous avons mobilisé des sources originales, les productions matérielles (images, maquettes, instruments construits par eux, etc.) pour étudier les pratiques des amateurs en sciences et la manière dont ils mobilisent des connaissances et des savoir-faire acquis dans leurs études ou dans leur profession.
Résultats majeurs
Les résultats de notre recherche sont diffusés dans des publications académiques : deux numéros de revues, Romantisme (2020, 190) et Nuncius (2023) et un ouvrage de synthèse (Panorama des amateurismes) à paraître.
Ces résultats sont également consultables sur ce site à la rubrique Dictionnaire des amateurismes.
Une exposition portant sur les amatrices en science sera visible dès l’automne 2023 sur la plateforme MUSEA.
La base de données réalisée dans le projet est en accès libre et peut être interrogée par mots clés. Elle contient des informations sur les ouvrages et les périodiques publiés en France et qui comportent le mot « amateur » sur la page de couverture. Elle est accessible sur ce site à la rubrique Base de données du projet.
